Une escapade qui tourne au vinaigre ? [libre]

Je marchais sur les terres des Lowlanders. Aujourd'hui, une grande curiosité m'avait pris, et j'avais voulu découvrir les terres. Aller dans un endroit bien sûr abrité des méchants ! J'arrivais donc vers le repère de Kiara. les Lowlanders en parlaient beaucoup. Le froid passager qui semblait mordre ma peau me faisait frissonner. La bise qui soufflait me faisait trembler. Après cette longue marche, j'étais exténué. Je titubais jusque derrière un rocher et m'effondrais. Mes poumons me brûlaient, à cause du froid. Je respirais à plein poumons, puis couinais. Mes poumons me faisaient mal à cause de ce maudit froid !

"Aidez-moi !"

Je fermais mes paupières sur mes yeux. Déjà, j'étais petits, de plus, avec ce froid, j'avais les poumons qui me brûlaient. Je me recroquevillais sur moi-même et posais le bout de ma queue sur ma truffe. Le rocher était froid. Il pouvait seulement m'abriter du vent.

Je marchais en grognant. J'avais pris l'habitude de ronchonner quand ma mère me punissait comme si j'avais fait quelque chose de grave. D'accord j'avais disparu trois ou quatre jours et, étant donné que j'étais la future chef des exilés, il me fallait montrer l'exemple... Et alors !? N'ai-je donc pas le droit d'aller explorer les environs ? Il faut bien que j'espionne les éventuels ennemis. Si je ne sais pas à quoi m'attendre, je me ferai battre à tout moment par n'importe quel saligaud du coin. Or une reine ou quoi que ce soit de ce genre n'est-elle pas normalement obligée de savoir se défendre ? De connaitre des techniques d'attaques ? Ma mère... Elle me préserve du danger par amour. Mais moi, je veux connaitre ce danger pour le dompter, le dominer... Et puis, elle allait faire de moi une mauviette incapable de griffer ou de mordre avec ses leçons sur le respect et l'amour... La vie n'est pas toute rose m'man !

Je tournai en rond. Pourquoi diable me sentais-je obligée de rester ici ? Je vis au loin une de mes amies du clan et l'interpellai :

- Hé pssst !
- Qu'y a-t-il Kibuwa ?

Je jetai un regard autour de nous, scrutant rapidement les alentours comme une proie qui cherche son prédateur caché dans le décors. Puis, d'une voix faible et inquiète, je demande :

- Elle est dans le coin ?
- Qui ça ta mère ?
- Non, la petite herbe folle qui danse sur les vagues à Hawaï en fumant de la marijuana ! Bien sur ma mère ! Il n'y a qu'elle pour me donner des sanctions aussi humiliantes que celle-ci.
- Il ne me semble pas que je l'ai vue...

Je la regardais étrangement. Elle semblait réfléchir. J'attendais, impatiente, me dandinant d'une patte sur l'autre. Puis, l'éclair d'un souvenir lui revint en mémoire et elle s'exclama :

- Ah mais oui ! Elle est partie chasser !

Elle sursauta et regarda autour de nous, afin de vérifier que des oreilles indiscrètes ne trainent pas dans les parages. Mon regard méprisant lui interdisait de dévoiler mon plan de fuite improvisée. Elle me sourit malicieusement et demanda tout bas, sur le ton de la complicité qui nous unissait depuis si longtemps :

- Tu comptes t'enfuir ?
- Je vais pas rester là à attendre que le ciel me tombe dessus.

Je m'éclipsai... A pattes de velours. Il ne fallait pas qu'on me voit. Personne. Non mais regardez à quoi j'en suis réduite... A me faufiler hors de ces terres comme une voleuse de proies. Je me redressai. Je devais donner l'exemple.
Une fois loin, j'expirai un grand coup et esquissai un faible, très faible sourire vainqueur. Je restai calme, mais en moi, je criais : YESSSS !
Pour plus de sûreté, étant donné que je ne savais pas où se trouvais ma mère, je décidai de m'éloigner le plus possible d'ici. J'en arrivais même au repère de Kiara. Que je la maudissais... Cette lionne qui connaissais le bonheur alors que je devais partir en douce de... J'allais dire "chez moi" mais ces terres ne sont pas vraiment à nous.

- Aidez-moi !

Jeanne d'Arc. J'entends des voix... Et puis, qu'est-ce qu'il fait froid ici ! Je décidai de suivre la voix. Lorsque je vis, presque dissimulé derrière un rocher, un lionceau affalé, comme mort, je ronchonnai haut et fort, sans même m'en rendre compte, en direction du ciel (il faut croire que je parle aux nuages) :

- AH non hein ! Non non non ! Je refuse ! Je suis quoi moi, un chien secouriste ? Pourquoi tous les lionceaux à ras de la mort se retrouvent sur ma route. J'en peux plus moi j'en ai marre à la fin...

Me rendant compte de mon attitude puérile en cet instant, je me tus, intérieurement honteuse. Puis, je secouai la tête et me rendis vers le lionceau. Je crachai de ma voix dure et irritée :

-Bon, si tu griffes, tu seras passé de vie à trépas mon vieux.

Sur ces paroles très douces et relaxantes, je l'agrippai par la peau du cou et l'emmenai dans une grotte plus loin, là ou la température était un peu plus agréable, un peu plus chaude.

- AH non hein ! Non non non ! Je refuse ! Je suis quoi moi, un chien secouriste ? Pourquoi tous les lionceaux à ras de la mort se retrouvent sur ma route. J'en peux plus moi j'en ai marre à la fin...

J'agrandissais les yeux et levait la tête vers la lionne près que moi. Elle possédait un beau poil marron. puis, elle cracha d'une voix dure et irritée :

- Bon, si tu griffes, tu seras passé de vie à trépas mon vieux.

Moi ? Griffer une inconnue ? Si elle me faisait du mal, oui, sinon, jamais. Elle me prit par la peau du cou en m’emmena dans une grotte plus chaude. Arrivé dans la grotte, je boxais l'air de mes pattes avant, chassant quelques mouches. Qu'est-ce qu'il pouvait faire chaud ! J'observais la grotte avec un regard de peur. Mes petits pattes boxaient l'air. Comme si un lion fantôme se battait contre moi. Puis, j’émis un petit gémissement. Je voulais être lâché ! Encore et encore, je battais des pattes dans l'air. Puis, je m'arrêtais et bâillais à m'en décrocher la mâchoire. A cause de ce "combat" imaginaire, j'étais épuisé. Mes petites pattes arrêtèrent de battre l'air. Mes muscles étaient fatigués, un peu douloureux. Je fermais un peu mes paupières, le temps de me reposer un petit peu. Puis, je les rouvrais et disait d'une petite voix :

"Tu peux me lâcheeerrr ?"

Je claquais mes petites dents. Franchement, je pouvais pas toucher le sol dur, me rouler en boule et dormir ? Puis, rêver de quand je serais adulte avec une famille ? Finalement, en me débattant, j’éraflais le sol de mes petites griffes qui crissaient. Et enfin je pus toucher le sol. Directement, je fonçais entre deux pierres et me roulais en boule. Mais je levais les yeux vers la lionne.

"Tu restes pas avec moiiii ?"

Je demandais ça d'une voix aiguë et pleine de supplice. Au final, je me suis attaché et si elle part, bah j'aurais du mal à repartir de toute façon, et puis j'aurais froid. Je baisse la tête et rentre mon menton sur mon poitrail. Et je gonfle ma fourrure pour me protéger des quelques brises froides qui me font bobo aux poumons et à la peau. Méchant le froid ! Trop méchant, je l'aime pas et je me protège et il me fait bobo sans raison ! Je ferme les yeux et commence à rêvasser.